Des problèmes d'identité en France... - page 1
#1
10/06/2010 à 23:36
Des problèmes d'identité en France...
... ou comment une paire de pieds mal placés conduit à des accusations de racisme.
Comme tous les soirs, j'ai pris le bus de 19h23. A part que d'habitude il passe à 19h24, et qu'aujourd'hui il est passé à 19h28. Il y avait plus de monde que d'habitude aussi. Un homme à l'avant. Un autre mec plutôt vers l'avant, assis en marche arrière, avec vue sur tous les autres passagers. Deux jeunes dans le carré du fond, là où j'aime me mettre d'habitude. La bonne femme qui prend le bus de temps en temps, en train de composter son ticket, qui est allée s'asseoir à côté de la porte du milieu, et juste de l'autre côté du couloir l'homme qui l'accompagne systématiquement (probablement son mari, ou alors son amant). Je les soupçonne tous les deux de boire quelques litres de bière avant de prendre le bus. Des fois, ils boivent une dernière (ou pas) canette pendant le trajet. Derrière cet homme, un autre homme. Et moi, qui me suis installé à peu près au niveau des jeunes, donc vers l'arrière, de l'autre côté du couloir. On était donc 8 passagers.
La bonne femme n'était pas contente (comme souvent), et elle l'a fait savoir (comme toujours), cette fois parce que les deux jeunes avaient pris sa place préférée (d'habitude c'est plutôt des réflexions sur la conduite du chauffeur). Et en les regardant, elle a cru voir qu'un d'eux avait les pieds sur le siège d'en face. Alors qu'il avait posé ses pieds, comme je le fais souvent, sur l'espèce de renflement où il y a les roues en dessous, mais pas sur le siège. Donc elle lui fait la réflexion, bien fort, de ne pas mettre ses pieds sur le siège. Il lui répond qu'ils ne sont pas sur le siège, et elle entend que ce n'est pas son siège. Elle commence à lui faire la morale, comme quoi son jogging de merde tout crasseux on s'en fout s'il le dégueulasse, qu'il se fout de la merde dessus ou quoi (ou un truc de ce genre), mais que s'il fout ses godasses sur le siège de devant il va le dégueulasser et que si une fille en jupe blanche vient d'asseoir dessus ça va la salir ("imagine si c'est ta soeur, tout en blanc, qui s'assoit, ..."). Les deux jeunes, pour calmer le jeu, répondent le moins possible.
Mais voilà que le mec en marche arrière, qui ne loupe pas une miette du spectacle, s'en mêle en faisant signe par deux fois que la bonne femme est folle (vous savez, en faisant tourner son index contre sa tempe). La deuxième fois, ça n'a pas échappé au type qui accompagne la bonne femme, qui lui demande "pourquoi tu fais ça toi". Le débat se poursuit entre le mec qui prend la femme pour une folle, la folle en question, le type qui l'accompagne, et l'homme derrière lui qui s'en mêle à son tour, à coup de "c'est pas vos oignons", "qu'est-ce que ça peut vous faire", "c'est une question de politesse, de respect et de propreté", et autres phrases du genre, jusqu'au fameux "la propreté ça existe chez nous". Et alors vas-y que moi je suis français, marocain, musulman ou autre, que toi t'es qu'un raciste, que on sort du bus et que jte démonte ta gueule. Finalement, la tension a baissé, deux clans se sont formés (d'une part le type en marche arrière et les jeunes, malgré eux, qui ne lui ont rien demandé, et d'autre part le couple et l'homme juste derrière) et fermés (on se parle entre nous, on évite de parler aux autres). Le type en arrière a voulu sympathiser avec les jeunes, et leur a conseillé de descendre du bus avec lui ("vous êtes qu'à 10 minutes de la gare à pied ici"), par contre j'ai pas bien saisi pourquoi, peut-être parce qu'il était arrivé ou parce qu'il en avait marre des autres. Les jeunes ont refusé, il est descendu seul, au même arrêt que moi (parce que moi, j'étais arrivé).
Deux constats.
Six personnes sur huit dans un bus qui ne se connaissent pas et qui se parlent, c'est phénoménal. Dommage que ce soit pour se monter les uns contre les autres...
D'une simple histoire de pieds mal placés, on arrive à un conflit inter-générationnel et inter-ethnique (pour ne pas dire inter-racial). A cause de deux petits mots (bien placés cette fois) au milieu d'une phrase : "chez nous". C'est vraiment après ces mots que la tension a monté (et que les jeunes sont complètement passés au second plan, du coup). Comme si au moindre problème et à la moindre prise de position il fallait se justifier par son appartenance à une catégorie (la "bonne", de préférence) de la population. Comme si tous les problèmes devaient obligatoirement tourner autour de différences d'origine. Comme si on se sentait systématiquement attaqué lorsqu'on remet en doute, de façon volontaire ou accidentelle, notre appartenance au groupe. Comme si cet appartenance au groupe tournait forcément autour de l'origine géographique, et non à des pratiques (ici les groupes semblaient plutôt, je cite, être "français" ou "musulman", plutôt que ceux qui mettent ou pas les pieds sur un siège, puisque c'est de ça qu'il était propos à l'origine). Comme si on avait besoin de se construire une identité reconnue par tous, acceptée, jamais remise en question, pour se sentir "chez nous", et non "chez eux".
A développer, et à digresser.
#3
11/06/2010 à 12:54
J'interprète pas forcément le "la propreté ça existe chez nous" comme nécessairement raciste, je sais pas si la femme pensait à la France quand elle a dit "Chez nous".
Moi j'utilise souvent l'expression "chez moi", alors je suppose que quand on est en couple on peut avoir tendance à dire "chez nous" sans forcément penser à la France, mais plutôt à son foyer.
Après j'en sais rien, c'était peut-être dit en le pensant xénophobe.
Bon sinon les gens se prennent la tête, personnellement je serait plutôt de l'avis du mec en marche arrière, qui disait que la femme était taré ^-^
Moi j'utilise souvent l'expression "chez moi", alors je suppose que quand on est en couple on peut avoir tendance à dire "chez nous" sans forcément penser à la France, mais plutôt à son foyer.
Après j'en sais rien, c'était peut-être dit en le pensant xénophobe.
Bon sinon les gens se prennent la tête, personnellement je serait plutôt de l'avis du mec en marche arrière, qui disait que la femme était taré ^-^
Yoshi
#4
11/06/2010 à 13:21
Certes, cette femme est tarée, on peut le penser, mais le dire en public ça craint un peu, quoi
C'est vrai que ce "chez nous" est assez ambigu. Tel qu'il a été dit, je l'ai à peine remarqué. Mais l'autre a commencé à s'emballer jusqu'à en arriver à des conflits d'origine et à l'assimiler à du racisme. Je ne sais pas à quoi pensait le type en le disant, s'il désignant notre pays, son pays ou son foyer, mais pour moi la réaction qui a suivie est révélatrice des problèmes d'intégration : remise en doute de l'identité (légitime ou non), sentiment de non appartenance un groupe et d'exclusion (à tort ou à raison).
Sinon, le bus de 13h00, il fait un drôle de bruit, mais le chauffeur est trop mignon
C'est vrai que ce "chez nous" est assez ambigu. Tel qu'il a été dit, je l'ai à peine remarqué. Mais l'autre a commencé à s'emballer jusqu'à en arriver à des conflits d'origine et à l'assimiler à du racisme. Je ne sais pas à quoi pensait le type en le disant, s'il désignant notre pays, son pays ou son foyer, mais pour moi la réaction qui a suivie est révélatrice des problèmes d'intégration : remise en doute de l'identité (légitime ou non), sentiment de non appartenance un groupe et d'exclusion (à tort ou à raison).
Sinon, le bus de 13h00, il fait un drôle de bruit, mais le chauffeur est trop mignon
#6
14/06/2010 à 22:34
Moi je dis que t'es quand même un sacré chanceux, parce que un voyage de bus qui passe de la morosité à un conflit inter-generationnel à mon avis ça vaut le détour.
Et puis ça à quand même l'air très drôle tout ça, racisme ? pas racisme ? en tout cas c'est des purs moments de simplicité que j'aime bien. La vie quoi
Et puis ça à quand même l'air très drôle tout ça, racisme ? pas racisme ? en tout cas c'est des purs moments de simplicité que j'aime bien. La vie quoi
Les fleurs ont perdu leurs parfums
Qu'emporte un à un
Le temps assassin.
Qu'emporte un à un
Le temps assassin.
#7
16/06/2010 à 10:52
Yoshi -> c'est vrai, mais que ç'ait été xénophobe ou pas, avancer ça dans une discussion où on reproche à l'autre son comportement, c'est un peu moisi. Comme si sa vie à elle était si bien, alors qu'elle prend le bus quoi elle a rien à dire à personne cette pauvresse.
Mat33 -> "Comme si au moindre problème et à la moindre prise de position il fallait se justifier par son appartenance à une catégorie (la "bonne", de préférence) de la population."
Malheureusement, c'est une tendance répandue chez les cons. Et entretenue par le cirque autour de l'identité et patati. Après peut-être aussi que de rattacher tout de suite des évènements à une problématique générale participe du cirque, je sais pas.
Mat33 -> "Comme si au moindre problème et à la moindre prise de position il fallait se justifier par son appartenance à une catégorie (la "bonne", de préférence) de la population."
Malheureusement, c'est une tendance répandue chez les cons. Et entretenue par le cirque autour de l'identité et patati. Après peut-être aussi que de rattacher tout de suite des évènements à une problématique générale participe du cirque, je sais pas.
#9
28/11/2010 à 11:52
Citer:
Yoshi -> c'est vrai, mais que ç'ait été xénophobe ou pas, avancer ça dans une discussion où on reproche à l'autre son comportement, c'est un peu moisi. Comme si sa vie à elle était si bien, alors qu'elle prend le bus quoi elle a rien à dire à personne cette pauvresse
Posté à l'origine par: Fifrelin
Yoshi -> c'est vrai, mais que ç'ait été xénophobe ou pas, avancer ça dans une discussion où on reproche à l'autre son comportement, c'est un peu moisi. Comme si sa vie à elle était si bien, alors qu'elle prend le bus quoi elle a rien à dire à personne cette pauvresse
Je suis complétement d'accord, après c'est sûrement pas des paroles réfléchie, c'est dit sous le coup de l'impulsion à mon avis, et de la colère.
Yoshi
#10
29/11/2010 à 15:33
Citer:
Et voici Fifrelin exposant son racisme personnel : l'humanité est composée de gens biens qui pensent comme lui et de "cons" qui ne pensent pas comme lui.
Posté à l'origine par: Erwan
Et voici Fifrelin exposant son racisme personnel : l'humanité est composée de gens biens qui pensent comme lui et de "cons" qui ne pensent pas comme lui.
Si tu lis entre lignes, tu vois qu'il tout l'inverse! O.O
Mais d'un côté dans le feu de l'action, je peux comprendre, qu'on puisse penser que c'était une phrase raciste. D'ailleurs n'importe qu'elle phrase peut-être prise comme un phrase raciste!
Il faut mieux vivre un jour comme un lion que 100 ans comme un mouton!
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